Nous sommes allés ce midi au Quai n°4, sur la recommandation d’amis. Nous avons pris le lunch de 3 services à 40 euros. Et ce soir, je lis les avis, pour la plupart élogieux, des clients, et bien que j’aie passé un bon moment dans...ce restaurant, bien que j’aie trouvé bon, sur le moment, ce qui m’a été proposé, je ne mettrai pas la note maximale au Quai n°4. Le problème est que, les plats étant si élaborés, avec tant de saveurs différentes, je suis, ce soir, incapable de dire ce que j’ai mangé au juste. Le serveur nous a, bien sûr, dit ce qu’il y avait aujourd’hui comme lunch, mais dans le brouhaha du restaurant, nous n’avons pas tout compris; et pas possibilité de jeter un œil sur le menu, le lunch n’y est pas. Nous avons donc pris le lunch sans vraiment savoir ce qu’il comprenait. Ensuite, à chaque amuse-bouche, à chaque plat nous avons eu droit à une explication donnée en quatrième vitesse et sotto voce par le serveur, mais l’explication à peine donnée, même si nous en avions entendu une partie, nous l’avions déjà oubliée. Je pense que c’est la même chose pour la plupart des clients. Il faudrait, dans ce genre de restaurant, que l’on donne avec chaque plat une notice explicative indiquant de quoi il est fait. Je me suis souvenu, en écoutant le serveur, de ce qu’écrivait il y a quelques années l’Académie française sur les serveurs qui terminaient leur présentation de chaque plat par la formule « Bonne dégustation »: Il arrive souvent aujourd’hui que la formule consacrée qu’on entendait naguère, « Bon appétit », soit remplacée par le sans doute plus chic « Bonne dégustation », quand même il ne s’agirait que de déjeuner d’une salade de tomates ou d’un steak frites. Dans Sérotonine, Michel Houellebecq rend compte de ce fait quand il écrit : « Ces restaurants auraient d’ailleurs été supportables si les serveurs n’avaient récemment acquis la manie de déclamer la composition du moindre amuse-bouche, le ton enflé d’une emphase mi-gastronomique mi-littéraire, guettant chez le client des signes de complicité ou au moins d’intérêt, dans le but j’imagine de faire du repas une expérience conviviale partagée, alors que leur seule manière de lancer : « Bonne dégustation » à l’issue de leur harangue gourmande suffisait en général à me couper l’appétit. »Plus