Florent Pietravalle est l'un des chefs de file les plus doués de la jeune génération de cuisiniers dont le nouveau crédo après le locavorisme , présent dans quasiment toutes les tables étoilées , repose sur un travail impressionnant et approfondi sur les macérations, les fermentations,...les garums et les maturations avec en contrepoint une réflexion philosophique sur les façons de s'alimenter. Sous le restaurant , dans les caves de l'hôtel, le chef va même jusqu'à cultiver 3 variétés de champignons mais bizarrement ils ne figurent pas au menu du jour. Tout cela est d'autant plus alléchant que le cadre est somptueux, quel charme au pied du Palais des Papes dans cette salle à manger d'une élégance intemporelle. Nous avons choisi le grand menu , 4 séquences à 190 euros qui se déclinent en plusieurs assiettes différentes , rafales servies en même temps ou en plusieurs services comme chez Pierre Gagnaire mais sans la générosité ou comme au Clarence mais sans les fulgurances ou le génie créatif de Christophe Pelé mais avec le même parti pris terre mer assumé et parfois très poussé . Au final, pas moins d'une vingtaine de services et une cuisine d'avant-garde jusqu'au- boutiste qui gomme le plaisir , janséniste, professorale,dogmatique sans aucune vibration très inspirée des expérimentations scandinaves . Le chef oublie la notion de gourmandise qu'on ne retrouve fugacement que dans la royale parfaitement exécutée avec le jarret ou dans les puissants et savoureux agnolotti d'oursins. Il faut dire que les portions sont ridicules une bouchée parfois deux rarement trois. Dès lors comment apprécier une endive découpée en filaments , une carotte en dés? Une bouchée de bœuf? C'est la mâche qui procure la longueur en bouche et l'appétence. Même le pain pourtant issu d'un levain de 2016 pomme miel dont on devrait se régaler est tranché trop finement pour qu'on l'apprécie.D'ailleurs , il ne sera servi qu'en milieu de repas sans qu'on comprenne pourquoi sauf un diktat du chef. Du reste , le goût de la langoustine si minuscule sur sa socca disparaît au profit du gras de cochon qui l'accompagne. Le caviar finit par lasser tant les chefs à macarons en abusent : il n'amène pas grand chose sur le garum de bœuf et le mariage viande caviar a été goûté partout de même que la truffe n'a pas beaucoup d'arôme et de parfum cette année. Le sel sature le miso de potimarron comme le gras trop présent de l'huile de capucine envahit le tofu, le pain bao à la farine de sarrasin manque de souplesse. Les cuissons minimalistes de la saint-jacques ou du saint-pierre, sous la lampe du passe semble-t-il,affadissent ces deux mets de choix. Quand au riz au lait , ce dessert d'enfance , le pâtissier le sophistique beaucoup trop saindoux, citron caviar , riz soufflé , on s'y perd! Les mignardises qui clôturent le repas , bugnes,tarte pomelo, kumquat confit sont beaucoup trop sucrées. A force de vouloir se démarquer et de jouer l'originalité à tout prix on finit par oublier la finalité de ce beau métier de chef le bonheur du client et celui de cuisiner!Plus