Accueil très bien
Collections intéressantes
Cadre historique appréciable
Triste présentation des oeuvres permanentes
Odeur de renfermé
Eclairage faiblard
Expo temporaire sans beaucoup d' intérêt dans le cadre d' Europalia Roumanie

Un musée aussi intéressant par son contenu que son contenant.

Le contenu c'est bien sûr la belle collection de sculptures et de peintures réunies par le mécène Henri Van Cutsem, spécialiste de la peinture moderne belge (surtout réaliste, mais James Ensor n'en est pas absent) et française (riche réunion d’œuvres impressionnistes). Peu avant sa mort en 1904, le mécène avait exprimé sa volonté de léguer sa collection à la ville de Tournai à la condition expresse que soit construit un musée pour l'abriter. Contacté, le grand architecte bruxellois accepta la proposition et se lança dans un projet très original, concevoir un bâtiment en étoile, chacune de ses abritant un courant artistique particulier. En son centre, un espace circulaire permettant à la fois au visiteur d'admirer une belle exposition de sculptures (dont le remarquable « Porteur d'eau napolitain » de Charlier) et au gardien de surveiller tout l'ensemble depuis ce point fixe.
Un bâtiment original donc, qui vaut à lui seul le déplacement, mais qui ne saurait occulter la richesse de son contenu, au legs Van Cutsem étant venu s'ajouter ajouter celui de Gallait et le fonds ancien du musée de la ville.
S'il fallait faire des choix (mais le tout peut aisément se visiter en l'espace de deux heures), je recommanderais en premier la section peinture des Pays-Bas anciens (qui peut se targuer d'aligner des œuvres de Rogier Van der Weyden, Brueghel, Jordaens, Van Dyck), en second celle sur le réalisme belge des années 1880-1900 (et le pinceau précis de Constantin Meunier, Théodore Verstraete et consorts). Enfin, mais là je n'ai pas besoin d'en faire la publicité, la partie impressionniste, révélatrice du génie de collectionneur de Van Cutsem, qui en achetant pour lui les impressionnistes dota plus tard la ville de Tournai de précieux exemples de l'art de Manet (les deux scènes de séduction que constituent « Argenteuil » et « Chez le père Lathuille »), de Monet (« Le Cap Martin ») et de Fantin-Latour.
Mon coup de cœur personnel ira au rêveur et fascinant « L'attente » de Binge Harrison, dont les effets de relief et de lumière sur l'eau sont en tout point étonnants. J'aime aussi beaucoup la gravité ironique de « Lavant la Vénus », de Karl Gussow, où l'on voit une vieille toute décatie lessiver consciencieusement une Vénus à la jeune et insolente nudité.
Une belle et riche expérience que cette visite artistico-architecturale. Et pour un prix modique. Merci à la ville de Tournai qui « écrase les prix » d'entrée de ses musées, permettant ainsi l'accès à l'art et à la culture au plus grand nombre.